Sur le coeur, sur les artères, et sur les autres facteurs de risques.
Article du Dr Xavier Galloo – département de cardiologie, UZ BRUSSEL.
Nous vivons à une époque où nous observons une tendance croissante vers un mode de vie sédentaire et un régime alimentaire malsain avec une prévalence croissante de l’obésité et des maladies cardiovasculaires qui y sont associées. La promotion de l’activité physique et de l’exercice régulier constitue une priorité absolue pour tous les médecins et les sociétés cardiaques. [1] L’activité physique peut améliorer la santé du cerveau, aider à gérer le poids, réduire le risque de maladie et renforcer les os et les muscles. Elle peut également améliorer la capacité à effectuer des activités quotidiennes, et conduit à une prévalence réduite de plusieurs tumeurs malignes connues. De plus, l’activité physique régulière est une composante importante du traitement de la plupart des maladies cardiovasculaires et est associée à une réduction de la mortalité toutes causes confondues. Elle génère des taux plus faibles de maladies cardiovasculaires, indépendamment de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique ou de la présence de comorbidités. [1] Une activité physique modérée devrait être encouragée chez toutes les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires (Figure 1).
L’activité physique et le coeur
L’activité physique présente de nombreux avantages pour la santé. Ces avantages s’appliquent aux personnes de tout âge, de toute race, de toute ethnie et de tout sexe. L’activité physique renforce le muscle cardiaque. Cela améliore la capacité du coeur à pomper le sang vers les poumons et dans tout le corps. En conséquence, plus le sang circule vers vos muscles, plus les niveaux d’oxygène dans votre sang augmentent. L’exercice physique régulier en lui-même peut réduire le risque de maladie coronarienne (crise cardiaque évoqué par une obstruction aigue des vaisseaux cardiaques par des caillots de cholestérol ou de plaquettes).
L’activité physique, le surpoids et l’obésité
Autrefois considérée comme un problème propre aux pays à revenu élevé, la surcharge pondérale est en augmentation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. La surcharge pondérale est un problème endémique dans le monde actuel, et en 2022 une personne sur huit dans le monde répond à la définition de l’obésité. L’obésité chez les adultes a plus que doublé depuis 1990, et l’obésité chez les adolescents a même quadruplé. En outre, l’incidence d’obésité continue d’augmenter, avec une prévalence aux États-Unis étant estimée à environ 50 % en 2030. [2] Le surpoids est défini par un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 25,0 kg/m2 et 29,9 kg/m2 ; un IMC de 30 kg/m2 ou plus est considéré comme obésité. L’activité physique augmente la dépense énergétique totale, ce qui peut aider à maintenir l’équilibre énergétique ou même à perdre du poids et, par conséquent, à réduire l’IMC. L’activité physique régulière entraîne une réduction de la graisse intra-abdominale, une augmentation de la masse musculaire et osseuse, une atténuation de la baisse de la dépense énergétique au repos induite par la perte de poids. [1,3] Il y a également une influence positive sur le maintien à long terme de la réduction de poids, le bien-être général et l’estime de soi, la qualité du sommeil, et la réduction de l’anxiété et de la dépression.
L’activité physique et l’hypertension
On estime que 1,28 milliard d’adultes souffrent d’hypertension dans le monde, dont la moitié des personnes ne savent même pas qu’elles sont atteintes de cette maladie. Parmi ceux qui sont traités, seul 1 adulte sur 5 (21%) contrôle bien la maladie. [2] On parle d’hypertension lorsque la tension artérielle est trop élevée (140/90 mmHg ou plus). Un bon contrôle de la tension artérielle peut prévenir des affections cardiovasculaires graves telles que les accidents vasculaires cérébraux (AVC), l’insuffisance cardiaque et les crises cardiaques. L’exercice physique régulier (selon les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie au moins 30 minutes par jour [1]) est associé à une réduction moyenne de la pression artérielle systolique de 7 mmHg et de la pression artérielle diastolique de 5 mmHg. Si l’activité physique et les restrictions alimentaires (régime pauvre en sel, réduction de la consommation de caféine, …) ne permettent pas de contrôler correctement la tension artérielle, un traitement médical complémentaire doit être mis en place en concertation avec le médecin traitant.
L’activité physique et le cholestérol
Les taux élevés de cholestérol peuvent s’accumuler dans les vaisseaux et augmenter le risque de maladie cardiovasculaire athérosclérotique. Dans certains cas, cela peut entraîner des événements cardiaques tels qu’une crise cardiaque ou un AVC. Le cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL-c) est directement associé aux maladies cardiovasculaires athérosclérotiques. Par conséquent, les recommandations conseillent de réduire les niveaux de LDL-c en modifiant le mode de vie et en utilisant intensivement des médicaments qui réduisent les niveaux de lipides. [4] L’activité physique a des effets favorables sur le métabolisme des lipides en réduisant les triglycérides jusqu’à 50 % et en augmentant le ‘bon’ cholestérol (cholestérol à lipoprotéines de basse densité, HDL) de 5 à 10 %. [4]
L’activité physique, la santé mentale et la qualité de vie
Les personnes physiquement actives présentent une meilleure cognition (mémoire) et sont moins exposés au risque de dépression que leurs pairs. Les enfants voient leur cognition s’améliorer, déjà après une séance d’activité physique. L’activité physique peut également réduire les sentiments d’anxiété, et une activité régulière peut réduire les sentiments et les signes d’anxiété à long terme.
SCORE
Bien que l’exercice soit également bénéfique pour les patients atteints de maladies cardiovasculaires, le risque associé à l’exercice vigoureux et au sport chez ces personnes est accru. La probabilité individuelle d’une maladie cardiovasculaire subclinique peut être déterminée en calculant le risque cumulé à l’aide de scores de risque établis, tels que les tableaux de risque ‘Systematic Coronary Risk Evaluation’ (SCORE). [4] Le risque à 10 ans de maladie cardiovasculaire mortelle dans les populations à faible risque de maladie cardiovasculaire est basé sur les facteurs de risque suivants : âge, sexe, tabagisme, pression artérielle systolique et cholestérol total. [3] En 2021, de nouveaux algorithmes de prédiction du risque ont été publiés pour estimer le risque de maladie cardiovasculaire à 10 ans en Europe. Les pays ont été regroupés en quatre régions à risque, variants des pays à risque faible jusqu’à très élevé (SCORE2 pour les patients jeunes et SCORE2-OP pour les personnes âgées de plus de 70 ans ; Figure 2). [5, 6]
Il convient de noter que ces modèles ne doivent être utilisés que pour évaluer la nécessité d’une prévention primaire des facteurs de risque cardiovasculaire chez les patients sans antécédents de maladie cardiovasculaire connue.
Sport intense et athlètes en compétition
Nonobstant, les bienfaits considérables de l’activité physique régulière pour la santé, l’exercice vigoureux peut paradoxalement déclencher un arrêt cardiaque soudain, des arythmies ventriculaires potentiellement mortelles en présence d’une maladie cardiovasculaire sous-jacente. Ceci en particulier chez les gens qui étaient auparavant sédentaires. En effet, la mort cardiaque subite est la cause principale de mortalité liée au sport et à l’exercice chez les athlètes. Les principales sociétés médicales soutiennent unanimement le dépistage cardiovasculaire préalable à la participation visant à détecter les troubles associés à la mort cardiaque subite.
Cependant, la meilleure méthode de dépistage chez les athlètes de compétition reste controversée, et peu de données sont disponibles pour guider les recommandations.
En conclusion, ce jour la tendance croissante vers un mode de vie sédentaire évoque une forte augmentation du nombre de maladies cardiaques et conséquemment de décès cardiaques. L’activité physique régulière peut améliorer la fonction cardiaque et même influencer positivement les facteurs de risques cardiaques, la santé mentale, et aider à gérer le poids. La promotion de l’activité physique est définitivement recommandée pour tous.